Les français sont ils râleurs ?

Les français sont ils des gaulois réfractaires comme semble le penser le Président de la République, Emmanuel Macron ?

Il n’est pas rare d’entendre que les français ne sont jamais contents, qu’ils râlent sans cessent.  Surtout, concernant la crise covid? qui n’a jamais entendu dire que les français voulaient des masques au mois de mars 2020, puis lorsqu’il fut généralisé partout en France, refusait de les porter quitte à en contester la légalité devant les tribunaux compétents ?

La même remarque peut être faite au sujet du vaccin. Celui-ci était appelé de ses vœux par une grande partie de la population afin de mettre fin à cette situation sanitaire.  Alors que le passeport vaccinal est aujourd’hui envisagé au niveau européen et national, voilà que le débat pro et anti vaccin refait surface.

Le français serait-il schizophrène si bien qu’il puisse vouloir en même temps tout et son contraire ?

Seule une conception manichéenne de la réalité peut conduire à une telle conclusion. C’est celle ci qui est avancée dans les médias car elle est simple pour ne pas dire simpliste. Elle permet de convaincre une partie de la population de la réalité de ce propos, et ce, en raison d’un biais cognitif. En effet, parce que tout le monde à déjà raisonnablement contesté un principe, une valeur ou une méthode à tort ou à raison.

Ainsi, la critique des mesures actuelles ne serait qu’un simple réflexe archaïque. On critique le principe pour ne pas s’attarder sur les raisons.

La réalité est bien plus subtile. En effet, et concernant particulièrement la crise covid, considérer que les français sont de simples râleurs, insatisfaits, c’est oublier une chose fondamentale :

Les français sont un peuple libre et éclairé !

Lorsque les français réclamaient des masques en mars 2020, c’est parce qu’ils ont reconnus que ce dernier pouvait sauver des vies notamment pour les personnels soignants, les malades et les personnes fragiles.

Ils n’ont pas changé d’avis en aout 2020 lorsque les préfets ont commencé à le rendre obligatoire dans l’espace public ouvert. Ils ont simplement considéré qu’un tel masque n’apportait aucun avantage sur le plan sanitaire dans certaines situations Ainsi seul, lorsqu’il existe une faible densité de population et à une certaine heure de la journée, l’utilité d’un tel dispositif peut laisser dubitatif.

Seul en pleine nuit et en pleine forêt, si l’on porte un masque c’est qu’il existe un projet, et ce n’est pas celui de lutter contre la crise sanitaire !

La généralisation des mesures restrictives de liberté a été légitimée par le Conseil d’Etat en se basant sur la simplicité et la lisibilité de la norme afin d’en assurer une meilleure effectivité.

En d’autres termes, les gens sont trop stupides pour comprendre les subtilités d’une règle juridique. Pour les juges du palais royal, dès lors que les subtilités de la règle risquerait de conduire à une inapplication par ceux qui ne la comprendraient pas où  ne voudraient pas la comprendre, sa généralisation mettra fin à ce débat.

Ce genre de raisonnement ne repose sur aucune démonstration scientifique. En effet, un individu qui ne souhaitait pas se soumettre à une interdiction, ne le fera pas davantage parce qu’elle concernera dorénavant toute la population. Surtout, si seules les règles simples devaient s’appliquer, quid des règles fiscales ? D’une manière générale, quid d’une grande partie de notre droit ?

Surtout, ce raisonnement conduit à des inepties. Ainsi, les français devraient être emprisonnés car lorsqu’ils ont la liberté, certains d’entre eux commettent des meurtres. Bien entendu, on comprend toute la stupidité de ce raisonnement.

En martelant dans l’esprit de la population que les français sont râleurs, on légitime les mesures d’interdiction générales et absolues. En s’appuyant sur la discipline de la population chinoise pour fustiger les français et leur indiscipline on commet plusieurs erreurs.

On compare deux choses incomparables. Un peuple libre et éclairé face à un peuple soumis et obéissant ; une démocratie face à une dictature.

Parce que les français sont libres et éduqués, ils sont en mesure de comprendre les obligations juridiques qui pèsent sur eux et d’en critiquer l’utilité, la nécessité et la proportionnalité. En généralisant les restrictions par soucis de simplicité, on maintien dans une minorité honteuse la population française. On retire le libre arbitre et la responsabilité qui va de pair avec la liberté.

Rappeler aux français qu’ils sont râleurs afin de légitimer la disproportion des mesures liberticides prises par le gouvernement, c’est les inciter à ne pas user de leur liberté de penser. Et en effet, dans une dictature sanitaire, cette liberté n’a pas sa place.